Les groupes autochtones mènent une manifestation climatique de masse à la COP30
Des dizaines de milliers d'activistes climatiques ont bravé une chaleur étouffante samedi pour défiler dans les rues de Belém, au Brésil, lors de la première grande manifestation lors d'un sommet climatique de l'ONU en quatre ans. La manifestation, programmée pour coïncider avec le point à mi-chemin de la COP30, a vu des communautés autochtones, des jeunes activistes et des organisations de la société civile s'unir dans un appel coloré et défiant pour une action climatique urgente.
La « Grande Marche du Peuple » s'est déroulée dans des conditions difficiles, avec des températures de midi atteignant 30 degrés Celsius et des niveaux d'humidité poussant la température apparente à 35 degrés, selon l'Institut national de météorologie du Brésil. Malgré la chaleur oppressante, les manifestants ont rempli les rues de chants autochtones, de chansons brésiliennes traditionnelles—en particulier « Anunçiação » d'Alçeu Valença—et de demandes passionnées de justice environnementale.
La manifestation a marqué un moment important pour l'activisme climatique. Les trois précédents sommets de la COP ont eu lieu en Égypte, à Dubaï et en Azerbaïdjan, des pays où les manifestations publiques font face à de sévères restrictions. La marche de samedi à Belém a représenté la première véritable opportunité depuis la COP26 à Glasgow pour les activistes de se rassembler librement et d'exprimer leurs frustrations face au rythme de l'action climatique mondiale.
La ministre de l'Environnement du Brésil, Marina Silva, s'est jointe aux manifestants, déclarant à la foule que la manifestation était une opportunité de développer une feuille de route pour la transition loin de la déforestation et des combustibles fossiles. La manifestante autochtone Cristiane Puyanawa a articulé un thème central de la manifestation : « Notre terre et notre forêt ne sont pas des marchandises. Respectez la nature et les peuples qui vivent dans la forêt. »
Raquel Wapichana, qui a voyagé neuf heures depuis Roraima pour participer, a expliqué sa motivation : « I am here for my people, my land, our rivers and our ancestors. We are constantly threatened by mining, by agribusiness and by land invasions. We must fight for our survival. »
La marche comprenait plusieurs démonstrations théâtrales et symboliques. La plus frappante était peut-être une sculpture de cobra de 30 mètres portée dans les rues par 80 manifestants. Construite par 16 artistes de la municipalité de Santarém et transportée par bateau, la sculpture nécessitait 83 personnes pour la tenir en l'air. Le cobra a une double signification : c'est un animal sacré pour les peuples autochtones de l'Amazonie brésilienne, et en portugais, « cobra » se traduit par « payez ! »—une demande d'augmentation du financement climatique pour les communautés amazoniennes.
Helena Ramos de la coalition populaire brésilienne Amazônia da Pé a expliqué le symbolisme : "We came here with the message that we need climate finance for the people living in the Amazon."
Un autre groupe a organisé des « funérailles pour les énergies fossiles », avec des personnes en deuil habillées de vêtements noirs de style victorien, des marionnettes de goules et trois énormes cercueils étiquetés « charbon », « pétrole » et « gaz ». La performance a attiré l'attention sur les demandes d'élimination complète de l'extraction et de la consommation de combustibles fossiles.
Des contingents anticapitalistes ont défilé derrière des bannières déclarant « L'effondrement environnemental est capitaliste : Lula, la transition énergétique avec le pétrole amazonien est une farce », critiquant les propres plans du gouvernement brésilien d'exploration pétrolière dans la région amazonienne. L'hymne socialiste italien « Bella Ciao » résonnait depuis les camions sonorisés, tandis que des drapeaux palestiniens et des chants de solidarité ajoutaient une dimension internationaliste à la manifestation.
À l'intérieur du lieu de la COP30, une présence massive de sécurité, y compris la police militaire en tenue anti-émeute, se tenait prête, même si l'itinéraire de la marche ne passait pas directement devant le lieu du sommet. La sécurité renforcée a suivi des incidents antérieurs au cours de la semaine, notamment une tentative d'entrée forcée par des activistes autochtones mardi qui a entraîné des affrontements avec le personnel de sécurité.
Pendant ce temps, les négociateurs à l'intérieur du sommet ont atteint le point à mi-chemin de la conférence de deux semaines, se préparant à confier leur travail aux ministres nationaux pour la prise de décision politique. L'ordre du jour englobe des questions controversées, notamment les mécanismes de financement climatique, les engagements d'élimination progressive des combustibles fossiles et la résolution du déficit collectif dans les plans de réduction des émissions des pays. Katharine Hayhoe, scientifique en chef à The Nature Conservancy, a souligné les enjeux humains : "As negotiators approach week two, they need to remember that climate action isn't about abstract numbers or distant targets. It's about people."
Le message des manifestants a résonné clairement dans l'air humide amazonien : les promesses ne suffisent plus—une action concrète est impérative.